samedi 12 décembre 2015

Les images russes sont des armes. Poutine déjoue les calculs de l'Occident

Dans la guerre que Recep T. Erdogan avait depuis longtemps déclarée à la Russie, avec le soutien américain, et qui a culminé avec la destruction d’un chasseur bombardier russe, l’Otan (autrement dit là encore l’Amérique) attendait une riposte militaire russe sur le territoire turc.
Cela aurait été l’occasion rêvée pour engager l’Otan tout entière dans une riposte militaire contre la Russie, selon le principe qu’une « agression » contre l’un de ses membres, en l’espèce la Turquie, devrait entraîner une riposte de l’organisation tout entière – y compris la France.

Or, à la déception générale au sein de l’Otan, Vladimir Poutine n’a pas riposté militairement. Il a par contre confirmé, dans son récent discours du 3 décembre devant le monde politique russe que la Russie n’oublierait jamais. Ceci se traduira par des sanctions économiques, abandon du projet de Turkishstream et de centrale nucléaire russo-turque, notamment. Mais il fallait faire plus dans l’immédiat pour rassurer l’opinion interne en Russie et surtout porter la crainte dans l’opinion turque, en Turquie et dans les pays turcophones et turcophiles.

Pour cela, le Kremlin s’est borné à organiser une conférence devant des représentants de la presse internationale. Quatre officiers supérieurs russes y ont apporté des preuves incontestables, car résultant d’images aériennes et d’images satellitaires, de l’implication de la Turquie dans le financement de Daesh, qu’Erdogan prétend combattre par ailleurs. Ces images sont accessibles au profit des opinions publiques mondiales dans une vidéo disponible sur le site de RT. Les militaires russes y montrent les trois voies d’exportation du pétrole extrait par Daesh en Irak et en Syrie. Des files interminables de camions citernes les véhiculent vers la Turquie, en direction d’un port maritime et de raffineries turques.

Les vidéos ne le montrent pas, mais d’autres sources, russes et américano-européennes, savent depuis longtemps qu’une grande partie des profits générés par la vente de ce pétrole en Turquie est reversée à Daesh, la famille de Erdogan, dont son fils, se servant généreusement au passage. Les vidéos montrent par contre le début des attaques menées par l’aviation russe sur les sites pétroliers et les camions citernes de Daesh en Irak et Syrie. Nul n’ignorait d’ailleurs dans la coalition américano-saoudienne que la Turquie était fortement impliquée dans ces trafics au profit de Daesh. Pratiquement cependant, comme le montrent les vidéos, aucune attaque occidentale n’avait jusqu’à ces derniers jours été menée (sauf par la France, mais très marginalement) contre ce qu’il faut bien nommer le nerf de la guerre de Daesh. Les dénégations du Département d’Etat américain sont pathétiques.

Dans la nouvelle forme de guerre menée par la Russie contre la Turquie, guerre de communication ne faisant appel qu’à des images authentifiables, la Turquie reste sans riposte possible. Elle devrait perdre tout crédit auprès de l’Union européenne, si celle-ci n’était pas devenue un simple instrument de Washington. En tout cas, la presse internationale réunie à Moscou en tirera des conclusions certaines. Poutine, déjà très crédible et persuasif, n’en trouvera que plus de crédit. Nous devons malheureusement noter que les médias officiels français, qui ne pouvaient ignorer les preuves fournies par les militaires russes, n’en ont tenu aucun compte et ont fait à ce sujet le plus grand silence, si grand est chez eux l’anti-poutinisme primaire – la palme en ce domaine allant à Libération et à la 2e chaine de télévision.

Concernant l’opinion américaine, la tuerie menée à San Bernardino, et très certainement imputable à un terroriste piloté par Daesh, obligera à poser des questions à Barack Obama lui-même. Etait-il bien prudent de soutenir financièrement Daesh ? Contrairement à ce que pouvaient penser les Américains, la grande mare (l’Atlantique) n’est pas une protection contre cette forme de terrorisme.

Grâce à Internet, les citoyens français pourront accéder directement aux éléments du dossier. RT publie sur son site une retranscription intégrale de la conférence de presse, accompagnée de cartes et photographies. Les propos des conférenciers russes sont traduits en français.
Jean-Paul Baquiast
4/12/2015
Source : Pour une Europe solidaire
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1997&r_id=
Voir : https://francais.rt.com/international/11395-larmee-russe-tiendra-point-presse

 "Il faut anéantir toute menace visant les soldats russes en Syrie.", a déclaré vendredi le président russe Vladimir Poutine lors du collège du ministère russe de la Défense.
Le président russe Vladimir Poutine a ordonné à l'armée russe de répondre avec une « extrême fermeté » à toute force qui la menacerait en Syrie, trois semaines après la destruction par l'aviation turque d'un bombardier russe près de la frontière syrienne. « Toute cible menaçant les unités russes ou nos infrastructures au sol sera détruite immédiatement », a-t-il ajouté.
« Toutes les actions de l'aviation de combat sont menées sous la couverture de chasseurs. J'ordonne d'agir le plus strictement possible. Toutes les cibles menaçant le dispositif de forces russe ou notre infrastructure terrestre sont à éliminer immédiatement », a martelé Vladimir Poutine appelant également à développer parallèlement la coopération avec les États intéressés par la suppression des terroristes.

Poutine a déjoué les calculs de l'Occident

Malgré les tentatives de l'Occident de l'isoler, la Russie continue de défendre ses intérêts en toute confiance, selon un diplomate indien.
L'implication de la Russie dans le dossier syrien montre que Vladimir Poutine ne considère pas que sa marge de manœuvre politique ait été réduite suite à la confrontation avec l'Occident autour de la Crimée, écrit l'ancien ambassadeur d'Inde en Russie Kanwal Sibal dans un article dans le Daily Mail.
"Les Etats-Unis ont tenté d'isoler politiquement la Russie et de la forcer à essuyer des pertes économiques en lui imposant des sanctions. Mais au lieu de prendre une position défensive, la Russie défend ses intérêts en toute confiance", indique-t-il.
Elle a coordonné ses actions avec l'Iran et l'Irak, montrant qu'elle n'était pas isolée même dans cette région sensible, qui tout récemment encore se trouvait sous l'influence des Etats-Unis et de leurs alliés.
"Washington espérait que la chute des cours du pétrole, les sanctions antirusses de la part de l'Occident et l'essoufflement de la croissance entraîneraient la marginalisation ultérieure de la Russie dans les affaires internationales, mais Poutine a prouvé que ces calculs étaient erronés", affirme Kanwal Sibal.
Selon lui, en intervenant en Syrie, la Russie montre qu'elle plus qu'une puissance régionale.
Poutine a également montré la puissance militaire de son pays, comme une sorte de signal d'avertissement indiquant à l'Occident qu'il ne devrait pas franchir la ligne rouge dans les relations avec la Russie. En donnant à voir ses technologies de pointe et la précision de ses bombardements, le Kremlin a affiché devant l'Occident les capacités de Moscou, estime le diplomate. L'intervention russe en Syrie a modifié la donne géopolitique en sa faveur. Cependant, bien qu'une détérioration de la situation ait été conjurée, il reste de nombreux obstacles sur la voie de la normalisation, selon lui.