mardi 2 février 2016

Le système occidental à bout de souffle

Le roi est nu. Demain, il mourra. Heureusement que la cruauté du titre n’est que métaphorique. Le roi ou plutôt le roitelet, passez-moi cet accès de condescendance, désigne ce système politique occidental qui est à bout de souffle – pas facile d’être vassalisé en long et en large –et qui, croyant jusqu’ici ses valeurs universalisables car infaillibles, constatent son déclin sans pour autant vouloir changer quoi que ce soit. Or, comme ses représentants ne veulent rien changer, ils essayent de se redorer le blason en s’en prenant à d’autres systèmes qu’il est de bon ton d’agonir, voire de menacer. Que ce soit par la force persuasive des médias de propagande, par des sanctions qui n’ont ni queue ni tête ou par le biais d’armées satellites enfermées dans l’Alliance.

Ce qui prête à rire, c’est la mal fou que se donne une civilisation en déroute à montrer qu’elle est exclusive et à donner des leçons de démocratie alors que ses agissement sont simplement ridicules. Ce qui prête moins à rire, c’est le fait que le chaos de la pensée se juxtapose au Mal absolu. Mais au préalable, quelques traits humoristiques pour s’éclater un peu avant de passer aux choses sérieuses …
Alors que les présidentielles étasuniennes approchent, le ministère des Finances US nous annonce que Poutine est corrompu [1]. Suite à ladite déclaration, Gallup relève que 3/4 des Américains trouvent que leur gouvernement est corrompu jusqu’au fin fond des poches obamiennes. Si donc, à en croire le ministère, Poutine a cela en commun avec Obama, je ne vois pas où est le problème. La mort de Litvinenko, agent du MI6, mort survenue suite à un empoisonnement au polonium il y a près de dix ans, serait cette fois et plus que jamais imputable aux méchants gobelins du Kremlin. Outre les accusations de sa veuve, il n’y a rien qui puisse ressembler ne serait-ce qu’à un soupçon de preuve. Toutes mes condoléances au passage, mais tout de même, quand on est lié à la fois au renseignement et aux séparatistes djihadistes tchétchènes, il faut être prêt à se faire liquider à tout moment.
Tout comme pour l’affaire du Boieng malaysien abattu, les griefs les plus tirés par les cheveux sont bons quand il s’agit d’infliger à la Russie de nouvelles sanctions dont la seule visée consiste à exaspérer les masses et orchestrer une énième révolution de couleur, plutôt rouge qu’orange comme l’a joliment démontré le Maïdan. Or, sachant que Kiev a refusé d’annuler son veto sur le déroulement ultérieur de l’enquête – ce qui démontre la culpabilité de la partie ukrainienne – et que les désastres du Maïdan mariés aux joyeusetés migrationnistes que connaît à l’heure actuelle les villes les plus paisibles de l’UE sont autant d’épouvantails même pour certains libéraux russes, il faudrait être d’une stupidité affligeante, voire d’un masochisme incurable pour se laisser encore tenter par ce qui fut la veille encore le fameux rêve civilisationnel européen.
Même la virilité n’a plus sa place dans ce petit monde consumériste que les éléments les plus crados et les plus vils arrivent à envahir, de un, par leur idéologie obscurantiste, de deux, par le viol qui est une arme de guerre psychologique avant même que d’être un moyen de satisfaire ses besoins primaires. Elle est dure la vie quand il faut éviter de léser les sentiments des transexuels et ceux des clandestins délinquants, les deux catégories devenant progressivement les vaches sacrées des sociétés civilisées qui par excès de civilisation s’évertuent à produire des Barbies obèses par égard pour les petites filles obèses. Si un réfugié afghan lapide un trans, je suppose que l’opinion allemande sera très gênée pour choisir la bonne victime.
La France va plus loin ! Sarkozy flirte avec un futur (éventuel) électorat LGBT en déclarant avoir révisé ses vues quant à la loi Taubira et en scandant studieusement que la menace numéro un ce serait, allez donc deviner, non pas le TAFTA, non pas l’impossibilité d’inverser la courbe du chômage, l’endettement exponentiel du pays ou les cellules salafistes actives [2], que non, mais le FN ! Pendant ce temps, se donnant corps et âme à toutes ces splendeurs du Nouveau Monde, Kiev n’exclut pas un nouveau premier ministre … suédois. Oui, parfaitement, suédois. Un certain Karl Bildt, ministre des Affaires étrangères dans sa dernière vie. S’il aura quelque mal à capter les subtilités du nationalisme ukrainien du moins aura-t-il le mérite d’être tout sauf ukrainien.
Examinés séparément, ces symptômes ne trahiraient pas grand-chose. En revanche, imbriqués comme ils le sont ici, ils révèlent un monde moribond qui s’inscrit dans la phase 6 du déclin des Empires décrite par le Lieutenant-Général Sir Glubb (voir le Destin des Empires). J’ajouterais qu’en plus d’être moribond ce monde est aussi criminel. Les oligarques qui le dirigent sont des criminels hélas partiellement élus par des nations qui ne voient pas ou ne veulent pas voir qu’ils sont tels.
Voici deux exemples d’actualité qui permettront d’éviter des énumérations par trop redondantes.
Premier exemple. Le système atlantiste a l’habitude de flanquer le nez là où il conviendrait de le lui couper à des fins de sécurité. Comme en général il reproduit le même scénario, il ne nous échappera pas que l’un de ses leviers d’influence privilégiés, ce sont des opposants dits libéraux du genre Kassianov, chef du parti PARNAS et ancien Premier ministre de Poutine [3]. Il importe peu de savoir si ce triste sire récolte 1,5% ou 2% des voix tout comme en récoltait, de son vivant, Nemtsov. Ce qui importe, c’est le choix d’une personnalité qui, invitée à s’exprimer devant l’Assemblée parlementaire du Conseil d’Europe appelle à rendre la Crimée à l’Ukraine quitte – connaissant les résultats du référendum du 16 mars 14 – à noyer la péninsule dans le sang. Ce qui importe aussi, dans cette optique, ce sont les liens entretenus par cet « opposant » anti-national et anti-systémique avec l’ancien président du Majlis tatar criméen, Djemilev, qui, avec le ministre de l’Intérieur turc concoctent tout deux, enfin, tout trois, avec Kassianov, la libération d’une Crimée qu’ils estiment occupées … comme par hasard, j’imagine, par des Criméens. Gardons bien à l’esprit que la Turquie participe à l’organisation et au financement de bataillons salafistes qu’elle pense diriger, l’instant propice, contre un territoire revendiqué depuis plus de 200 ans. Gardons également à l’esprit que le soi-disant pacifique Djemilev n’a pas hésité à se présenter en 2006 au Congrès constitutif du Front anti-impérialiste rassemblant islamistes et néo-nazis, le sulfureux Iarosh en tête. En d’autres termes, Strasbourg en vient à donner une tribune – tribune d’honneur ! – à un collabo aussi proche, à ses fins traîtresses, du salafisme que du néo-nazisme. Bravo. On savoure à fond les fameuses valeurs démocratiques atlantistes.
Deuxième exemple. Ça repasse par la Turquie, désolée pour si peu d’originalité! J’ai comme l’impression que la comédie anti-Daesh de la coalition se termine au nord et au nord-est de la frontière turco-syrienne une forte concentration de troupes turques y étant avérée . Expliquant cette percée progressive par la nécessité de réprimer le séparatisme kurde et la montée en puissance des takfiris, la Turquie reste très discrète quant à son intention de créer une sorte de zone tampon entre les villes syriennes de Djarablous et d’Azaz. Le hasard a voulu qu’une telle initiative voit le jour après la visite de Biden à Ankara [4] ce qui est d’autant plus inquiétant quand on sait qu’il s’agit du tuteur de Porochenko et quand on voit ce que ça donne en plein centre de l’Europe. Si donc on en arrive demain à une confrontation armée massive et directe entre les forces armées turques et les forces armées syriennes, je me demande ce que pourra entreprendre la Russie contre un membre de l’OTAN. Un membre de l’OTAN, soulignons-le, qui parvient à le rester, de un, en assurant le passage de convois pétroliers de l’EI via son territoire, de deux, en en achetant une certaine partie comme en témoignent non pas les médias russes mais le New York Time et le Guardian, de trois, à faire transiter du coton syrien comme le rapporte la Tribune de Genève, de quatre, à acheminer du shit afghan vers l’Europe en le faisant préalablement passer via la Syrie et l’Irak … de quoi se poser quelques questions avant de griller un joint.  Plus concrètement encore, il y a quelques jours, la police serbe a mis la main sur 16 kg de joyeusetés évanescentes exportées grâce à Daesh en direction de l’Europe via notre alliée, la Turquie. Celle-ci est même tellement notre alliée que le Conseil de l’Europe vient d’adopter le turc comme une de ses langues officielles : reconnaissons qu’il faut vraiment l’avoir mérité !
Résumons : l’euro-intégration passe fichtrement mieux si vous violez des Européennes et/ou trafiquez d’une façon ou d’une autre avec l’EI en en faisant profiter les oligarchies occidentales.
Si vous voulez rester ce qu’on vous demande d’être – un bon citoyen de l’UE attaché aux valeurs démocratiques qui sont forcément votre religion – vous devez, si vous êtes du sexe mâle, éviter de défendre vos femmes et vos filles, si vous êtes des deux sexes, accepter toutes les conditions que vous imposent, sous couvert de nobles principes, les oligarchies au pouvoir qui à leur tour sont les marionnettes d’autres oligarchies qu’on voit un peu moins sur le petit écran et qui, elles, ne risquent pas de se retrouver à défendre leur bout de terre contre les moudjahidines. En attendant l’inévitable, on nous enjoint de rester politiquement correct. Même L’Église est politiquement correcte. Comment défendrait-elle alors sa Fille aînée? Permettez-moi de citer la très juste remarque de l’archevêque d’Alep, Monseigneur Jeanbart, pour qui l’Église, à l’instar du Christ, n’a pas à être politiquement correcte mais politiquement juste. 
Aujourd’hui, l’Europe vassalisée n’a ni politique, ni diplomatie, ni valeurs réelles. 
Comment tendrait-elle au Juste? Suspendue entre les lauriers d’un passé glorieux, de vagues espoirs projetés dans un non moins vague futur, elle patauge dans un présent mêlant le ridicule au crime.
Cela étant dit, quand un cycle touche à sa fin, il repart à zéro. Le monde que je viens de décrire est un monde moribond. Demain, il mourra. L’Humanité étant prête à souffrir tant que les maux sont supportables est-il dit dans un extrait de la Déclaration d’indépendance des USA, il se trouve que les maux qui minent aujourd’hui les Européens sont de moins en moins supportables. Le réveil n’est pas loin et sera dans une certaine mesure conditionné par trois facteurs :
  1. L’issue des négociations de Genève entre les pro et les anti-Assad. S’y surajoutent les provocations armées que semble préparer la Turquie, ses forces aériennes venant de passer au niveau d’alerte orange.
  2. L’issue des élections présidentielles US.
  3. L’attitude des clandestins déjà présents en UE suite aux flux massifs attendus au printemps 2016.
Françoise Compoint

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