jeudi 15 septembre 2016

Les USA ont dépensé 5.000 milliards $ sur la guerre depuis le 11 septembre

Un nouveau rapport de l'Université Brown fournit une indication de plus du prix terrible payé par les travailleurs américains et du monde entier pour les crimes de l'impérialisme américain. Washington aurait gaspillé près de 5 mille milliards $ depuis le 11 septembre 2001 sur des guerres lancées sous prétexte de combattre le terrorisme.
Ce 15e anniversaire du 11 septembre, 10.000 soldats américains sont toujours en Afghanistan, 15 ans après l'invasion américaine de ce pays, ainsi que 6.000 en Irak. De plus, des centaines de soldats des forces spéciales se battent en Syrie, où les Etats-Unis luttent pour renverser le régime en une alliance de fait avec les filiales syriennes d'Al-Qaïda, organisation censée être la cible principale de la dernière décennie et demie de guerres.
Le coût financier des guerres est énorme, presque insondable. Toutefois, l'auteur du rapport, le professeur Neta Crawford de l'Université de Boston, les place à juste titre dans leur contexte plus large, et plus horrible, c'est-à-dire la traînée de sang et de destruction qu'elles laissent derrière elles :
« (Le) vrai bilan de toute guerre ne peut être enregistré dans les colonnes d'un comptable. Des civils blessés ou déplacés par la violence, aux soldats tués et blessés, aux enfants qui jouent des années plus tard sur des routes et des champs couverts d'engins explosifs et de bombes à sous-munitions, aucune série de chiffres ne communique le bilan humain des guerres en Irak et en Afghanistan, ou comment elles ont envahi les pays voisins, la Syrie et le Pakistan, et sont revenues hanter les États-Unis et leurs alliés dans la forme d'anciens combattants et de mercenaires blessés ».
Certaines pertes sont quantifiables et effroyables : plus d'un million de vies irakiennes perdues à cause de l'invasion américaine de 2003 ; plus de 12 millions de réfugiés chassés de pays dévastés par des guerres: l'Afghanistan, l'Irak, le Pakistan et la Syrie ; près de 7.000 soldats américains morts en Irak et en Afghanistan, ainsi qu'un nombre à peu près égal de mercenaires privés ; 52.000 blessés et d'innombrables centaines de milliers d'autres qui souffrent de lésions cérébrales traumatiques, de syndrome de stress post-traumatique ou d'autres problèmes mentaux pour avoir combattu dans de sales guerres néo-coloniales.
Néanmoins, le rapport explique de façon convaincante que il faut également faire une évaluation sérieuse et complète des coûts financiers réels de ces guerres.
Le coût global des guerres de l'impérialisme américain comprend les 1.700 milliards $ affectés par le Congrès pour mener de prétendues Opérations de contingence à l'étranger (OCO). C'est un supplément du budget de base du Pentagone, qui totalise quelque 6.800 milliards $ de 2001 à 2016.
En traitant ces guerres de OCOs, le Congrès et les Administrations Bush et Obama ont agi comme si c'étaient des situations d'urgence budgétaire imprévisibles, alors qu'elles perduraient depuis une décennie et demie. Ainsi, ils se libéraient de toute forme de responsabilité financière normale et menaient leurs guerres sans attribuer d'impôts ou d'autres recettes pour les payer.
Le rapport cite également les coûts des soins et d'invalidité des anciens combattants, les allocations pour la Sécurité intérieure, les intérêts sur les crédits de guerre du Pentagone, et les coûts futurs des soins des anciens combattants.
Ce dernier coût est évalué à un montant d'au moins 1.000 milliards $ d'ici 2053. La raison de cette évaluation s'explique par quelques statistiques alarmantes.
À la fin de 2015, plus de 1.600 anciens combattants en Irak et en Afghanistan ont subi d'importantes amputations. En 2014, on avait détecté des lésions cérébrales traumatiques chez 327.000 anciens combattants de ces guerres ; la même année, 700.000 des 2,7 millions de personnes déployées sur ces zones de guerre avaient été classées comme handicapées à 30 pour cent ou plus.
Selon le rapport, le Département des Anciens combattants serait le département du gouvernement américain qui croît le plus rapidement ; son personnel a presque doublé en 15 ans, pour atteindre 350.000. Pourtant, selon un autre rapport récent, il « manque encore de fonds pour combler des milliers de postes vacants de médecins et d'infirmiers, et pour financer des réparations très nécessaires de ses hôpitaux et cliniques ».
En plus, à moins que le Congrès ne modifie les modalités de financement, les intérêts cumulés sur les crédits de guerre accordés seulement jusqu'à exercice fiscal de 2013 équivaudront à la somme stupéfiante de 7.900 milliards $ en 2053.
Le rapport rappelle que quand l'administration Bush se préparait à lancer sa guerre en Irak, on a dénoncé son conseiller économique, Lawrence Lindsey, pour avoir dit que la « limite supérieure » des coûts de la guerre serait de 100 ou 200 milliards $. Du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld aux députés démocrates, qui ont avancé le chiffre de 50 milliards $, toute la classe politique a vivement rejeté cette estimation. C'était en fait environ le centième du coût réel de la guerre.
Dans la criminalité de leur justification, de leurs méthodes et de leur financement, ces guerres sont le fidèle reflet du parasitisme et des spéculations destructrices qui dominent le fonctionnement du capitalisme américain dans son ensemble.
Avec un financement « hors comptabilité officielle » et une armée composée de volontaires, la classe dirigeante américaine espérait également atténuer l'hostilité populaire à la guerre.
Le rapport ne tente pas d'estimer l'impact plus large de la guerre sur l'économie et sur les conditions de vie des travailleurs américains. Un rapport publié il y a deux ans par Harvard a prudemment estimé que le coût des guerres en Irak et en Afghanistan s'élevait à 75.000 $ par ménage américain.
Le rapport évoque des études antérieures, selon lesquelles les guerres auraient détruit des dizaines de milliers d'emplois et sabré dans le financement des infrastructures. Les vastes sommes détournées vers la destruction du Moyen Orient et de l'Asie centrale auraient suffi à financer les 3.320 milliards $ que nécessitera la réparation des ports, des autoroutes, des ponts, des trains, et de l'infrastructure électrique et d'eau des USA, et à rembourser toutes les dettes des étudiants américains, évaluées à 1.260 milliards $.
Mais les élus des deux grands partis capitalistes insistent constamment qu'il n'y a pas d'argent pour l'emploi, les salaires, l'éducation, les soins et d'autres nécessités de base, tout en dépensant des sommes monstrueuses sur le militarisme et la guerre. Ils compter faire payer la facture à la classe ouvrière, en intensifiant les mesures d'austérité.
Le bilan humain et financier des guerres des 15 dernières années n'est d'ailleurs qu'un avant-goût de la catastrophe dont l'impérialisme américain et ses alliés européens menacent le monde, par leur escalade militaire visant les 2e et 3e puissances nucléaires, la Russie et la Chine.
Source :  http://www.wsws.org/fr/articles/2016/sep2016/pers-s15.shtml
(Article paru en anglais le 14 septembre 2016)



France
Tunisie
USA
1-  Nb habitants
60 millions
10 m
319 m
2-  5000 milliards / Nb hab
83 333
500 000
15 674
3-  PIB/Habitant
44 000
10 000
53 000
4-  Rapport
2
50
0,3
Pour avoir un ordre de grandeur :
- la ligne 1 de ce tableau donne le nombre d'habitants;
- La ligne 2 donne le résultat de la division de 5000 milliards $ par le nombre d'habitants de chaque pays. On voit que les USA ont dépensé l'équivalent de 83 mille $ par habitant en France, ou bien l'équivalent de 500 mille $ par habitant en Tunisie, ou bien 15,6 mille $ par Américain.
- Les lignes 3 et 4 comparent cette dépense par habitant au PIB par habitant.